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Pour un débat efficace sur l’économie et la croissance

Par Alain Lambert, sénateur de l’Orne
Les Echos, jeudi 8 septembre 2005

C’est la rentrée. Le débat sur la croissance va s’enflammer. Tels les médecins de Molière, chacun ira, en ordre dispersé, de ses explications et de sa potion magique. Rêvons un peu. Imaginons que ce débat se modernise. Qu’il devienne mature et responsable pour gagner en efficacité. Que toutes les personnes réputées sérieuses et responsables en la matière (économistes, universitaires, entrepreneurs, politiques) s’accordent, au-delà de leurs préférences partisanes, pour confronter leurs idées, les échanger de manière ordonnée, constructive et sincère, afin de proposer des actions prioritaires de nature à favoriser une croissance économique plus soutenue.

Après tout il n’est pas interdit d’espérer que la maturité et la sagesse finissent par s’imposer même en France. Deux précautions préalables méritent d’être prises pour éviter les écueils inutiles :

-  Eliminer par avance toutes les suggestions qui augmentent les dépenses publiques. Chaque idée nouvelle devant être obligatoirement financée par une suppression de dépense inutile. Dois-je rappeler, une fois encore, que nos dépenses excessives sont une des causes principales de l’atonie de notre croissance et que, tout en dépensant plus que tous les autres pays, nous sommes devenus parmi les moins performants, notamment en matière d’emplois.

-  Seconde précaution, nous épargner la controverse annuelle sur le taux de croissance retenu dans la loi de Finances, en l’accueillant comme un acte de foi plutôt que comme un acte de prévision. Les alternances politiques systématiques que la France a connues depuis vingt-cinq ans, ont instruit chaque camp que la prévision est un art difficile.

Ces précautions prises, nous devons progresser dans la construction des fondations d’une stratégie économique digne de ce nom, pour surmonter nos principales faiblesses et accélérer la modernisation de notre économie. Un ensemble d’actions concrètes pourraient être débattues et centrées autour de trois grands objectifs :

-  ouvrir l’accès à l’emploi afin que chacun puisse vivre dignement du revenu de son travail ;

-  libérer notre potentiel de création de richesses ;

-  mettre la France en pointe dans la « nouvelle économie de la connaissance ».

Premier objectif : ouvrir l’accès à l’emploi, en nous avouant d’abord que le risque d’en faire trop est plus grand que celui de n’en faire pas assez. Et que le nombre d’outils sur l’étagère de l’ANPE est vraisemblablement le plus élevé du monde. Que les dépenses publiques consacrées à l’emploi sont aussi les plus élevées de la planète comparées à notre richesse nationale. Aussi, les dispositifs nouveaux ne réussiront que s’ils sont souples et réactifs. En nous inspirant de ce qui marche chez nos partenaires, l’urgence appelle à nous recentrer dans cinq directions principales : moderniser en profondeur notre droit du travail pour le rendre plus juste et plus efficace ; imposer l’accompagnement et le suivi des chômeurs ; renforcer l’insertion des jeunes et des travailleurs âgés ; faire que « le travail paye » davantage que l’assistance ; et enfin permettre à ceux qui veulent gagner plus de travailler plus.

-  Deuxième objectif : libérer notre potentiel de création de richesses en allégeant les réglementations inutiles, c’est tout simplement offrir un emploi à chaque Français qui en cherche et améliorer son pouvoir d’achat. A l’heure de la mondialisation, utilisons le formidable potentiel d’innovation et d’emploi que recèle le secteur des services. Un ensemble d’orientations et de mesures sont disponibles pour : renforcer le développement des services à la personne ; achever la modernisation de la législation du secteur du commerce ; favoriser la concurrence dans le secteur financier et un accès plus large au crédit ; recentrer la fiscalité de l’épargne pour renforcer les fonds propres de nos entreprises, les investissements d’avenir dans l’innovation et la recherche ; et favoriser l’accès au logement et à la propriété des familles modestes.

-  Troisième objectif : mettre la France en pointe dans la nouvelle « économie de la connaissance ». Notre pays tire encore son niveau de vie et son rayonnement international du haut niveau de savoir et de compétence de ses hommes et de ses femmes. Pour relever le « défi de la connaissance » il faut moderniser notre école ; renforcer notre système d’enseignement supérieur et de recherche ; retrouver une ambition industrielle et manifester notre soutien franc et massif au développement des PME ; et enfin, mettre notre système fiscal au service de l’innovation et de l’emploi.

Naturellement, ces trois objectifs n’épuisent pas le débat, il en propose un cadre. Il reste toute la question du redressement de nos finances publiques, qui est une condition essentielle du sursaut de notre économie et qui est une exigence morale tant à l’endroit des Français que des générations futures. Il passe par la modernisation de l’action publique. Pour avoir été, avec Didier Migaud, parmi les premiers à croire qu’il était possible de réformer notre constitution budgétaire de l’Etat, je crois aujourd’hui également possible de moderniser le mode opératoire de la sphère publique dans son ensemble. A deux conditions qui ont permis l’adoption de la LOLF : la mise en place d’une démarche bipartisane et une détermination sans faille fondée sur le respect absolu de tous les acteurs.

L’ensemble des idées que je viens de lister, en vue de les développer ultérieurement, ne prétend ni à l’exhaustivité ni à la complétude, il se veut une contribution humble mais méthodique pour espérer un débat utile et constructif sur la croissance et l’économie à l’occasion de la prochaine discussion budgétaire. Débat dont la confusion m’a si souvent donné le sentiment d’un dialogue de sourds, d’un rendez-vous manqué. Comme il sera le premier organisé selon le mode « LOLF », j’aimerais qu’il sonne l’heure de la modernisation et qu’il redonne au Parlement la fierté de la belle mission qu’il a reçue du peuple français. Je pense enfin que la situation économique décevante dans laquelle se trouve la France aujourd’hui n’est pas liée à un défaut de réflexion, de savoir, ou d’idées. Simplement, elle attend qu’un homme d’Etat s’affirme, l’invite à un sursaut de volonté collective et de solidarité nationale, comme notre pays a su en produire dans les moments difficiles de son histoire.

Le destin d’une nation n’est pas tracé d’avance : il se construit chaque jour. C’est un combat, une volonté. Chaque Français est appelé à se sentir acteur du destin de la France. C’est la meilleure promesse de son succès.

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