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Accueil - Interventions en séance publique - Egalité des chances

Intervention de Christian Cambon, sénateur du Val-de-Marne

C’est un apport essentiel de la République de considérer que l’égalité de droits à la naissance ne suffit pas et qu’une politique volontaire doit rétablir l’égalité de chance tout au long de la vie. Vingt ans de chômage de masse ont cependant montré combien les jeunes subissaient une discrimination devant l’emploi : 23% de chômeurs parmi les moins de vingt-cinq ans, dont 40% pour les non-qualifiés, soit deux fois plus que la moyenne européenne.

Il leur faut huit à onze ans pour obtenir un emploi stable, donc accéder au logement et au crédit. Ce phénomène de précarité systématique explique en partie les réactions violentes de nos banlieues. Au-delà de ces chiffres, nous autres élus connaissons les réalités de terrain. Combien de C.V. ne recevons nous pas, décrivant sur deux pages une seule année de travail, tout s’enchaîne, stages, C.D.D., intérim, remplacements et chômage.

Comment expliquer cependant que 450 000 emplois soient non pourvus ? À cette inadéquation invraisemblable, pendant vingt ans, les gouvernements n’ont apporté que des réponses peu convaincantes.

Les emplois jeunes, opération coûteuse lancée en 1997 excluaient délibérément les entreprises de leur bénéfice, comme si elles étaient quantité négligeable dans une politique dynamique de l’emploi. Aucun dispositif de formation n’y était associé, pas plus que d’indemnisation du chômage au terme de cinq ans. L’évolution en fut laissée au bon cœur des collectivités ou des associations, invitées à les transformer en contrat de longue durée.

Le gouvernement Raffarin s’inscrivit en rupture avec cette politique de facilité, et mit en œuvre un vrai plan de relance de l’apprentissage, particulièrement incitatif si l’on en juge par l’augmentation de près de 9 % du nombre d’apprentis cette année.

Avec les Maisons de l’emploi et la réforme du temps de travail, pour reconstruire ce que les 35 heures avaient détruit, cette politique provient d’une prise de conscience ambitieuse en faveur de l’emploi des jeunes par les entreprises. Le Premier ministre a choisi courageusement le chemin de l’innovation pour des réformes de structure susceptibles d’agir en profondeur pour l’emploi et contre la précarité.

Ainsi, 300 000 contrats nouvelle embauche ont-ils été signés au sein des entreprises de moins de vingt salariés. Ce chiffre dérange, et on tente de l’expliquer par la démographie et les départs en retraite. Qu’aurait-on entendu si le chômage avait augmenté autant ? Le gouvernement aurait pu se satisfaire du statu quo et faire miroiter aux jeunes des C.D.I. qu’ils mettent dix ans à obtenir. Il a voulu aller plus loin et leur apporter une réponse concrète et incitative pour les sortir de leurs galères.

Avec un parcours d’insertion rapide de deux ans, des droits nouveaux et des garanties réelles, le contrat première embauche, va offrir un nouvel instrument au service de l’emploi des jeunes. Ce n’est pas la fée Clochette : il ne fera pas disparaître le chômage d’un coup de baguette magique ! Mais si l’on accepte un instant d’être juste, objectif et réaliste, qui peut en nier les avantages ? C’est d’abord un C.D.I. qui offrira cette première expérience professionnelle en entreprise tant recherchée. C’est la garantie d’une rémunération conforme au régime commun des salariés : il tend la main à des milliers de jeunes. Ce sera l’occasion pour eux de donner toute la mesure de leurs qualités, et de leurs compétences. Pourquoi vouloir toujours en faire de futurs assistés ? Pourquoi ne pas parier sur leur envie de s’investir dans un emploi au sein de l’entreprise ? On nous lâche l’argument suprême de la précarité. Ils la vivent déjà ! Comme si des multitudes de C.D.I. leur pleuvaient dessus au sortir de l’université ou des centres de formation !

Emplois jetables ? Toutes les formules sont bonnes à proximité des élections ! Nous disons que ce contrat apporte des garanties nouvelles. On dit que le contrat première embauche peut être rompu à tout moment, sans motif. C’est faux.

Le droit du travail s’appliquera au C.P.E. : il faudra toujours un motif valable pour licencier. Le préavis demeure obligatoire : quinze jours durant les six premiers mois, un mois au-delà. Les premiers contentieux sont la démonstration par l’absurde, qu’il y a bien des recours possibles !

Les opposants au C.P.E. confondent sciemment période d’essai d’un mois, applicable à tous les contrats de travail, et période de consolidation de deux ans. Or, pendant cette période il y a bien préavis et indemnités en cas de rupture du contrat.

Le C.P.E. va offrir aux jeunes de nouvelles garanties de formation : qui n’a pas constaté l’insuffisance de formation pratique des jeunes aux tâches qui leur sont proposées ? Désormais, ils bénéficieront d’un droit individuel à la formation dès la fin du premier mois, afin de compléter la formation initiale en informatique ou en langue voire acquérir de nouvelles connaissances. Comment ne pas se féliciter de l’accès à la garantie de loyers et à l’avance de la caution, grâce au Locapass ? La reconnaissance du C.P.E. comme un vrai C.D.I. par la Fédération française des banques permettra de contracter un emprunt et d’accéder au crédit à la consommation. Enfin, le C.P.E. ne comporte pas de salaire plafond : il n’a jamais été question d’offrir des emplois au rabais. Mais ça, l’U.N.E.F. préfère le taire !

On a prétendu que le C.P.E. allait devenir la seule forme de contrat pour les jeunes, quel que soit leur niveau de formation. C’est faux. Pour les jeunes non qualifiés, le C.P.E. ne supprime pas les contrats aidés, comme le contrat jeune en entreprise, renforcé, ou le contrat d’insertion dans la vie sociale (Civis). L’alternance, véritable réponse à leur insertion future, est massivement développée : 130 000 jeunes en difficulté sont accompagnés vers l’emploi avec un Civis. N’est-il pas consternant d’entendre parler des P.M.E. comme le font la plupart des dirigeants de l’opposition ? Ils n’ont pas de mots assez durs pour faire passer les chefs d’entreprises pour les nouveaux Moloch de l’économie, embauchant et licenciant au jour le jour, comme sur le carreau des mines au xixe siècle. Ce sont pourtant les P.M.E. qui créent près de 90 % des emplois. Elles portent une part importante de la croissance économique sans être au C.A.C. 40 et leurs dirigeants ne bénéficient ni de rémunérations extravagantes ni de parachutes dorés. J’ai été pendant vingt ans le chef d’entreprise d’une P.M.E. Je n’ai jamais licencié un collaborateur mais j’ai formé des dizaines de jeunes qui ont tous connu un parcours professionnel dont ni eux ni moi n’ont eu à rougir.

J’ai rencontré des centaines d’autres chefs d’entreprise. Comment ne pas saluer la pratique et l’esprit qui sont les leurs, et qui n’ont rien à voir avec ces caricatures. Croyez-vous qu’un chef d’entreprise qui a rencontré un jeune, a investi son temps, transmis son savoir-faire, s’est attaché, est prêt à le licencier comme on renvoie un paquet ? Croyez- vous qu’un chef d’entreprise dont le carnet de commandes est plein n’a pas envie de donner sa chance à un jeune désireux de s’investir, d’en finir avec la galère ? C’est ignorer profondément le monde de l’entreprise que de terroriser les jeunes en présentant comme le lot commun quelques pratiques déviantes qui méritent d’être sanctionnées.

Quant aux propositions de la gauche, les Français en ont jugé, si j’en crois les derniers sondages. Sans doute se souviennent-ils de ce beau moment où, au sortir de la Mutualité, MM. Fabius et Hollande se disputaient les micros pour proposer l’un, un vague contrat sécurité-formation, l’autre, le rétablissement des emplois-jeunes. Tout cela manque un peu de réflexion, mais on peut le leur pardonner compte tenu de la franche camaraderie qui les unit. Quant à l’exemple des régions, il est, lui aussi, riche d’enseignements. La gauche est aux commandes, grâce à des promesses alléchantes. Avec les emplois-tremplins, on allait voir ce que l’on allait voir ! Dans une région qui compte 12 millions d’habitants, l’Ile-de-France, ils avaient promis 1 000 créations par an. Il n’y en a pas eu plus de 645 en deux ans, parmi lesquelles des emplois de directeurs pour des associations amies et d’autres pour le conseil régional lui- même. En Midi-Pyrénées, ils avaient promis monts et merveilles : 66 emplois ont été créés. Grâce à un dispositif sans nul doute révolutionnaire ! Peut-être côté apprentissage, les efforts sont-ils plus soutenus ? Hélas ! Alors même que l’Ile-de-France vient en deux ans d’augmenter de 60 % la part régionale de la taxe professionnelle, pénalisant d’autant la création d’emplois, les crédits pour l’apprentissage baissent de 38 % pour 2006 !

N’en déplaise donc à nos censeurs, personne n’a inventé la solution miracle, soyons modestes. C’est pourquoi l’U.M.P. a choisi de soutenir ce gouvernement qui innove avec courage en proposant ce C.P.E., adapté aux attentes des jeunes et aux besoins de l’économie. Il est temps de dresser le bilan de 20 ans de plans sans effets, de primes, d’exonérations, pour proposer une solution adaptée aux réalités du monde de l’emploi : tel est notre pari. Vous pouvez promettre la lune, caricaturer la réalité à des fins politiciennes, les jeunes, eux, jouent leur avenir : mieux vaut ne pas leur cacher la vérité.

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