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Le Kosovo, casse-tête de la communauté internationale

par Monique Papon, Sénatrice de Loire-Atlantique, présidente du Groupe interparlementaire France - Serbie-et-Monténégro
Le Figaro, le 21 novembre 2005

La méthode onusienne loin d’être illégitime n’en était pas moins trop ambitieuse et sans doute inadaptée tant le statut institutionnel peut préjuger de la réalité des normes démocratiques. L’évaluation n’a donc porté dans les faits que sur trois dossiers : la sécurité, la liberté de déplacement et la décentralisation. Cette appréciation limitée s’est fondée sur une prise de conscience tardive des obstacles politiques, juridiques (à titre d’exemple, l’appareil productif kosovar appartient encore officiellement à la Serbie-et-Monténégro et rend impossible toute privatisation) et surtout psychologiques. Les émeutes de mars 2004 (19 morts, 900 blessés, 4 000 personnes déplacées, 700 maisons détruites) ont à cet égard rendu encore plus difficile la coopération interethnique et ruiné la crédibilité de la protection internationale jugée coupable de passivité par les minorités.

A ces facteurs se conjuguent l’impatience, pour partie légitime de la majorité albanaise, six ans après la mise sous tutelle internationale du Kosovo et l’absence criante de perspective économique (le taux de chômage s’élève à plus de 50 % quand 36 % de la population vit sous le seuil de pauvreté). Les erreurs ponctuelles d’appréciation de la Minuk ont fragilisé la mise en oeuvre de ce programme : son accord tacite à la rupture, fin 2004, de la grande coalition des partis albanais apparaît ainsi en décalage avec l’exigence de cohésion dont ont besoin la province et la principale communauté ethnique.L’ouverture des négociations est de fait devenue une nécessité.

La Minuk doit prendre en compte cet échec initial. S’il existe un consensus relatif au sein du Groupe de Contact (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Allemagne et Italie) et de la Minuk sur le principe d’une indépendance conditionnelle, qui réfuterait partition ethnique de type bosnien et intégration au sein d’une Grande Albanie et maintiendrait une aide militaire internationale garantissant la coexistence des communautés, cette réponse, encore refusée à Belgrade, ne peut être que partielle. Le statut est un gage juridique, il n’est en aucun cas une garantie de pérennité pour le nouvel Etat.

Si elle n’a pas démérité depuis 1999, la Minuk doit néanmoins reprendre en profondeur les dossiers économiques, sociaux et culturels. Les événements de mars 2004 se reproduiront au sein d’un Etat indépendant doté d’une très formelle Constitution, si des perspectives d’emploi ne sont pas ouvertes ou si les bases d’une coexistence pacifique ne sont pas jetées. L’adoption du statut doit donc être assortie de garanties quant à la réalisation des objectifs de 2003.

Si l’indépendance conditionnelle est conçue comme une responsabilisation de la majorité albanaise, elle doit aussi permettre un redéploiement plus important de l’action internationale sur place vers des programmes d’aide économique et d’assistance technique. Les pays membres du Groupe de contact ou de l’Union européenne, appelée à terme à remplacer sur place la Minuk, pourraient à cet égard intervenir plus directement par l’intermédiaire de la coopération décentralisée. Ce type d’opération permettrait un autre affichage que celui de la présence militaire et viendrait couronner la réhabilitation des infrastructures entreprise par la Minuk depuis 1999 (51 000 habitations reconstruites et 1 400 km de routes aménagées). Cette coopération doit être multiforme et viser aussi bien les centres urbains que les enclaves rurales. Le développement de microcrédits à destination de celles-ci est une piste à suivre tant les besoins fondamentaux apparaissent modiques en termes financiers.

La question de l’enseignement est centrale mais trop souvent occultée. En l’absence d’une démarche scolaire commune aux deux ethnies principales qui permettrait aux jeunes générations de partir sur de nouvelles bases, il apparaît illusoire de tenter de les faire coexister sur de petits territoires. Cette absence de scolarité commune est sans doute une des raisons des difficultés rencontrées par la Bosnie-Herzégovine pour se projeter unie dans l’avenir. Le maintien d’une présence civile internationale renforcée va de pair avec une réorientation des missions sécuritaires assignées à l’Otan. Si la présence de soldats est essentielle, ceux-ci n’ont pas la compétence pour mener à bien la lutte contre la criminalité organisée qui gangrène la province. La baisse du nombre de policiers internationaux sur place apparaît à cet égard comme incohérente. Le combat contre la criminalité organisée est essentiel, l’Union européenne ne pouvant tolérer à ses frontières une entité géographique dominée par le crime organisé et livrée à l’anarchie.

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