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Février 2006

A propos de l’Iraq vu du Qatar

Mi-février s’est tenue, à l’initiative de l’Emir du Qatar, une réunion avec des universitaires iraquiens et des représentants de l’UNESCO à Doha. L’objectif de cette rencontre était de sensibiliser l’opinion internationale au massacre des universitaires iraquiens. En effet, depuis maintenant deux années, plus de cinq cents professeurs d’universités ont été systématiquement assassinés soit par des milices chiites, soit par des milices islamistes sunnites, soit encore par le grand banditisme. Devant cette situation qui amène rapidement à une destruction de l’Iraq à travers l’élimination de son élite scientifique, technique et culturelle, les questions se posent de la survie de l’Iraq.

Ce drame fut aussi l’occasion de faire le point sur la situation présente qui est à peu près la suivante : au Nord, le Kurdistan est sous contrôle américain, depuis plus d’une décennie, et se développe, avec l’aide de pays européens, notamment l’Allemagne et l’Autriche. Au Sud, dans la région chiite de Bassora, contrôlée par l’armée britannique, une paix relative semble régner mais le prix à en payer est la domination d’un fanatisme d’inspiration chiite qui fait régner une terreur islamiste. Ainsi, depuis peu, la milice de Fatima, composée uniquement de femmes, s’emploie-t-elle à tuer toutes les femmes qui ne respectent pas la Charia chiite, ne serait-ce que dans des détails vestimentaires. Dans la zone dite sunnite, c’est-à-dire le centre de l’Iraq, avec la ville de Bagdad, la situation est franchement tragique. La guerre civile fait rage dans la ville de Bagdad qui fait aujourd’hui plus de cinq millions d’habitants. L’implication et l’intrication des populations sunnite et chiite rendent difficile une solution politique. Quant à la solution militaire les chiffres parlent d’eux-mêmes. Est-il possible aux forces iraquiennes progouvernementales et aux forces américaines de rétablir l’ordre dans une ville d’une telle ampleur ? Aussi est-ce pour cela que le gouvernement actuel semble vouloir faire appel aux guerriers peshmergas pour rétablir l’ordre à Bagdad. Concernant ce dernier point, les avis sont partagés car beaucoup pensent que l’arrivée des milices kurdes pour rétablir l’ordre à Bagdad ne ferait qu’amplifier la violence.

Si l’attention se concentre sur le rétablissement de la légalité et de l’ordre à Bagdad, cela ne doit pas faire oublier que la vraie question de l’Iraq aujourd’hui demeure celle de l’aggravation des forces de dissociation de ce pays qui a toujours été une mosaïque d’ethnies et de confessions. Les chiites sont divisés entre eux allant de l’extrémisme à une position modérée, les sunnites, anciens baasistes ou islamistes, s’entretuent entre eux et font la guerre aux chiites, dans Bagdad, ville où il y a une communauté de plus d’un million de chiites à Saddam City. Quant aux Kurdes, ils connaissent eux-mêmes de graves difficultés avec leurs propres minorités vivant sur le territoire du Kurdistan. En premier lieu, les deux grandes tendances kurdes représentées par Barzani et Talabani, représentant deux ethnies différentes socialement et linguistiquement, commencent à donner des signes de tensions. Des tensions existent aussi avec les populations turkmènes qui sont moitié chiite et moitié sunnite et qui sont convoitées par Ankara qui considère que le territoire où elles vivent est un territoire turc. Faut-il encore ajouter les tensions avec les populations arabes installées au Kurdistan par Saddam Hussein durant son long règne, ainsi que les persécutions que subissent les chrétiens assyro chaldéens de la part des extrémistes musulmans.

En cet hiver 2007, la question de la fragmentation de l’Iraq se double d’une question désormais de son éventuelle décomposition interne au cas où la guerre civile ne pourrait être réglée par des moyens militaires ou des moyens politiques. Le chaos iraquien menace toute la région en même temps qu’il suscite des convoitises des grands voisins turcs, iraniens et saoudiens. Pour en revenir à l’Emirat du Qatar, siège de la réunion, ce petit pays richissime qui a autant de réserves de gaz que l’Iran essaie de faire entendre une voix de raison. Devenu un « quasi protectorat » américain sur le plan militaire et économique, malgré une présence française et européenne importante, le Qatar regarde avec angoisse la destruction de l’Iraq et la montée en puissance de l’Iran. C’est en ce sens que les réalisations humanitaires envisagées en faveur de l’Iraq prennent leur sens.

Comme tous les émirats du Golfe, depuis le départ des Britanniques dans les années 70, le Qatar a vécu dans la hantise de ses voisins qui avaient des motifs d’annexer ces « flacons » de pétrole. En effet, l’Iraq, l’Arabie Saoudite et l’Iran inspirent à des degrés divers des inquiétudes à l’Emirat du Qatar. Aujourd’hui, solidement ancré à Washington et à Paris, le Qatar entend mener une politique extérieure personnelle. Ainsi, est-il, en 2007, le premier pays arabe à envoyer un contingent pour la FINUL au Liban. Ainsi, fut-il un des premiers pays arabes à avoir une mission diplomatique israélienne aujourd’hui fermée ; cependant cette semaine Shimon Peres était à Doha, il est vrai qu’il répondait à une invitation de la Fondation pour la culture que dirige l’épouse de l’Emir... Peut-être que le Qatar, pour survivre, cherche dans la région à se singulariser diplomatiquement ?

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