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Juillet 2007

Les diasporas indiennes dans le monde

Les diasporas indiennes doivent s’entendre comme la présence souvent ancienne de communautés venues du territoire de l’Inde actuelle. Par leur origine, ces diasporas sont pluriethniques et pluriconfessionnelles, regroupant des « Indiens » venus de toutes les parties de l’Union (Pendjabis, Gugeratis, Tamouls, Hindis). Ces diasporas sont ainsi très diversifiées par leurs origines linguistiques et leurs pratiques religieuses : hindouiste, musulmane, chrétienne ou sikh.

Estimées en 2007 à plus de vingt millions de personnes, outre leur hétérogénéité évoquée plus haut, les diasporas indiennes retiennent l’attention par l’ampleur de leur dissémination sur la planète. En effet, on trouve des communautés indiennes en Asie, en Afrique, en Océanie, dans le monde arabe, dans le bassin de la Caraïbe, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Europe occidentale. A partir de cette constatation se pose la question de l’origine de cette « pollinisation » du monde indien sur la planète, et d’autre part l’impact géopolitique éventuel de ces réseaux sur la politique extérieure de l’Union indienne ; une géopolitique devenue désormais planétaire.

Tout commence au 19ème siècle avec l’abolition de l’esclavage par Londres en 1834, ce qui conduisit les Anglais à chercher une main d’œuvre de substitution pour leurs plantations au sein de leur empire colonial. Ces migrations, destinées à remplacer les anciens esclaves, furent encadrées par un dispositif juridique appelé Indenture qui présentait les aspects d’un contrat de travail limité dans le temps, en général cinq ans. Ainsi, de 1850 à 1930, presque trente millions d’Indiens s’installèrent en Jamaïque, en Guyana, à Trinidad, en Afrique du sud, à Maurice, en Ouganda, en Malaisie, aux Fidji, etc. Par la suite, le phénomène s’élargit aux colonies française et anglaise au fur et à mesure de l’émancipation de leurs esclaves, d’où la présence aux Antilles françaises et à la Réunion, ainsi qu’au Surinam et aux Antilles néerlandaises, d’importantes communautés indiennes. Ces communautés connurent des destins différents lors de la décolonisation.

D’une façon générale, on peut constater que ces diasporas indiennes ont connu dans la deuxième partie du 20ème siècle un sort politique moins paisible que les diasporas chinoises plus silencieuses socialement et politiquement.

Après 1947, l’indépendance de l’Inde a généré un autre type d’émigration, principalement à destination de la métropole britannique où sont venus se réfugier certains de ces Indiens expulsés dans les anciennes colonies de la Couronne. Les années 70 ouvrirent une nouvelle étape à la prolifération indienne hors du sous-continent. La péninsule arabique et les émirats du Golfe, dont l’essor économique et le développement urbain foudroyant nécessitaient une grosse main d’œuvre, attirèrent une forte population venue de l’Inde mais aussi des pays voisins comme le Pakistan. Aujourd’hui, ce sont des millions d’habitants d’asiatiques, dont plusieurs millions d’Indiens, qui forment dans ces pays riches un sous-prolétariat particulièrement misérable.

Enfin, à partir des années 80, une dernière vague se tourna vers les Etats-Unis et le Canada, où les Indiens forment une communauté de plus d’un million de personnes, et participent activement au dynamisme économique, technologique et scientifique du Nouveau Monde. Leur particularité consiste en ce qu’ils viennent pour presque la moitié d’entre eux de la province de Gujerat, région pluriconfessionnelle.

Ainsi, le fait indien est-il devenu en un siècle et demi une réalité planétaire dans le sens démographique.

Pour autant, cette mondialisation de l’Inde a-t-elle des conséquences géopolitiques pour New Delhi. Pour apprécier cette question, il faut revenir rapidement sur le récent passé de l’Inde qui, en soixante années, est passé du statut de puissance régionale à celui d’une puissance continentale, puis aujourd’hui à celui d’une puissance mondiale. A l’origine l’hétérogénéité des diasporas indiennes avait eu comme conséquence de faire perdre un peu de leur relation avec le pays d’origine. Mais cette « insignifiance » des diasporas indiennes a changé au fur et à mesure du développement de la puissance politique de l’Inde. Aujourd’hui, pour ces vingt millions d’expatriés, il y a une certaine fierté à se sentir reliés à la mère patrie. La montée en puissance de Mother India renforce le sentiment identitaire d’appartenance à l’Inde de ces diasporas, quelle que soit leur composition nationale ou religieuse. Ce phénomène a été parfaitement perçu à New Delhi qui encadre désormais « l’Inde de l’outre-mer » par la création d’un haut comité de la diaspora indienne, destiné à maintenir une union culturelle et politique avec ses ressortissants.

En redéfinissant et en reconsolidant les relations entre elle et ses enfants lointains, l’Union indienne forge un instrument géopolitique souple car pluriethnique, pluriconfessionnel et ayant su s’intégrer aux économies et aux sociétés du 21ème siècle.

Très différentes des diasporas chinoises, les diasporas indiennes constituent un atout désormais important de l’expansion de la puissance indienne dans le monde du 21ème siècle.

Cependant cette réappropriation des « Indiens d’outre-mer » n’est pas sans conséquence sur la vie politique intérieure de l’Inde puisqu’elle renforce le sentiment hindouiste et partant les positions de la droite indienne du Bharatiya Janata Party (BJP). Quoi qu’il en soit, force est de constater que les diasporas indiennes sont devenues aujourd’hui un facteur géopolitique.

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